MGen TB Strange (1831-1925)

Le deuxième fils d’un écossais, Thomas Bland Strange est né à Meerut en Indes le 15 septembre 1831 et éduqué à l’Académie d’Edinbourg. Incapable, pour des raisons financières, de suivre son frère à Sandhurst, le jeune Tom fut accepté à l’Académie royale militaire de Woolwich. Ici, le talent et le rendement étaient plus importants que d’être d’une “bonne famille”. À 20 ans, il gradua, reçut son brevet d’officier de l’Artillerie royale et fut muté à Gibraltar.

Il consacra une bonne partie de sa vie à son développement physique et intellectuel. D’une stature imposante, avec un physique remarquable et une voix de stentor, doté d’une magnifique barbe, il place une très grande importance sur l’endurcissement et le bien-être de ses troupes.

Promu lieutenant en novembre 1853, il fut muté en Jamaïque où il attrapa la fièvre jaune. Plus tard il fut transféré aux Bahamas, où il s’occupa à améliorer la défense de Nassau. En 1856 il reçut l’ordre de se rendre en Crimée, toutefois avant même de rejoindre l’Angleterre, la guerre était terminée.

Un an plus tard il fut envoyé aux Indes pour aider à réprimer la mutinerie de “l’Armée du Bengal”. Il démontra très rapidement sa détermination et sa témérité, il fut mentionné dans les “dépêches à quatre reprises”. Il demeura au Pendjab où il se plut à trouver de nouvelles méthodes d’entraînement pour ses soldats. Il était en désaccord avec ses supérieurs au sujet du salaire de ses soldats et même si moralement et légalement il avait raison, il trouva la fin de son séjour très pénible. Avant son retour en Angleterre en 1864 et en convalescence d’une deuxième attaque de la fièvre jaune, il fit un voyage à pied de six mois du Tibet au Kashmir, prenant plaisir dans ce dur exercice physique.

Après sa promotion à capitaine et un bref séjour en Irlande, il fut nommé comme membre du personnel d’état-major d’instruction à Woolwich. Après avoir été nommé pour entraîner les volontaires de l’Artillerie, il se mit encore une fois dans le pétrin avec le système, condamnant publiquement l’infériorité de leur équipement. Il fut discipliné, ce qui hâta probablement son départ pour le Canada en 1872.

Il fut nommé inspecteur de l’Artillerie et des Magasins de matériel de guerre du Canada et commandant de la batterie “B”. Sa relève des troupes britanniques partantes était fidèle à son caractère. Son attitude directe et inflexible embarrassa les officiers partants mais permit l’acquisition de l’équipement si nécessaire à la garnison.

Il fut immédiatement accepté par les citoyens de la ville de Québec; sa connaissance du français et son implication dans les activités sociales et sportives de la communauté l’aidèrent à gagner le respect et l’approbation de tous.

Dans son rapport de 1873 il recommanda la création de trois institutions canadiennes importantes : le “Royal Military College” (RMC), l’Association de l’Artillerie du Dominion et la “Dominion Cartridge Factory”. Sous différentes formes ces trois institutions existent toujours. Il a aussi recommandé que la défense de la côte ouest soit basée sur une brigade d’Artillerie de garnison de quatre batteries, encore une fois ses recommandations furent suivies.

Après huit ans dans sa ville de Québec bien-aimée, le lieutenant-colonel Strange fut muté à Kingston où il devint encore une fois un membre proéminent de la communauté. Puis, à l’âge de 51 ans, promu colonel on l’avise qu’il serait forcé de prendre sa retraite avec le grade de major-général honoraire. Son amertume à prendre sa retraite forcée a été apaisée légèrement quand ses artilleurs, la première équipe canadienne à compétitionner à Shoeburyness, Angleterre, est revenue avec le prix du gouverneur général.

Le général Strange alla s’établir en Alberta, acheta une grande étendue de terrain et érigea un ranch. Au printemps de 1885, lors du déclenchement de la Rébellion du Nord Ouest, “Grand Tom Strange” tel qu’on le connaissait localement, reçu la demande d’organiser la défense du District d’Alberta. La “force de campagne” de l’Alberta, formée de cowboys, police montée et de trois bataillons inexpérimentés de Milice se débrouillèrent très bien, spécialement lors de la bataille de la “Butte du Français”.

Il retourna à son ranch et y travaillant, il reçut un coup de sabot de cheval duquel il ne se remit jamais complètement. De plus, pour ajouter insulte à l’injure, le “British War Office” l’informa que vu qu’il était retourné au service militaire actif avec la Milice canadienne, on lui coupait sa pension. Après une courte excursion non fructueuse en politique, il vendit son ranch et retourna en Angleterre. Il demeura actif jusqu’à son décès à Camberly le 9 juillet 1925.

La contribution du général Strange est légendaire. À sa retraite, le major-général R.G.A. Luard, major-général commandant la Milice, fit remarquer que plus de 2700 officiers et hommes avaient servi avec Tom Strange pendant son commandement de la Batterie “B” et le qualifia de “…père de l’Artillerie du Canada”. On ne pouvait faire mieux.