Opérations en temps de paix

Depuis la Deuxième Guerre mondiale, les membres du Régiment royal de l’Artillerie canadienne ont participé à quelque 33 déploiements et missions au cours d’opérations en temps de paix. Les artilleurs ont servi au Congo, en Égypte, sur le plateau du Golan, à Hanoï, à Saigon, au Laos, en Iran, en Iraq, en Namibie, en Afrique du Sud, en Amérique centrale, en Somalie, en Haïti, au Rwanda et au Mozambique, pour n’en citer que quelques-uns. L’ARC envoie à plusieurs reprises des unités et des batteries pour participer à des déploiements hors guerre, dans un rôle d’infanterie ainsi qu’avec leurs pièces. Certains des engagements les plus importants sont décrits aux paragraphes suivants. Jusqu’à présent, trois membres du régiment ont perdu la vie au cours de ces déploiements.

De 1964 à 1993, le Canada a déployé une force de maintien de la paix de la taille d’un bataillon dans un rôle d’infanterie, dans le cadre de la mission de l’ONU à Chypre. Quelque 33 000 Canadiens auront servi dans cette mission. Au cours des décennies, les batteries U, X et W sont déployées à Chypre comme compagnies au sein d’autres unités. En 1974, la 1re Batterie canadienne aéroportée, ARC est déployée du Canada avec des mortiers de 81 mm pour renforcer le Régiment aéroporté du Canada durant une importante offensive de l’armée turque dans l’île. La batterie n’a pas à combattre, mais c’est la situation qui ressemble le plus à la guerre, et à laquelle les artilleurs canadiens participent depuis la Corée. Le 3 RCHA effectue une période de service comme unité en 1982-1983, tout comme le 2 RCHA, en 1985-1986. Le 5 RALC complète une période de service en tant qu’unité en 1987-1988. Le 1 RCHA y sert en 1991-1992 et le 2 RCHA est le dernier contingent canadien à y effectuer sa deuxième période de service en 1993.

Au début des années 1990, le terme « rétablissement de la paix » est utilisé afin de distinguer les efforts plus vigoureux pour contenir les combats du rôle plus passif qu’est le « maintien de la paix ». À la fin de la guerre froide, comme on ne perçoit aucune menace importante, l’Armée commence à s’orienter vers le maintien de la paix/rétablissement de la paix comme la voie à suivre la plus probable. Les tensions de la guerre froide avaient « empêché l’éclatement » de nombreux conflits régionaux en raison de la modération exercée par les superpuissances qui craignaient que des guerres régionales entraînent un conflit mondial. Après l’effondrement de l’Union soviétique et de la plupart des dictatures communistes, on assiste à une forte croissance des petites guerres à l’échelle mondiale. En particulier, l’éruption de guerres civiles en ex-Yougoslavie aura une incidence importante sur le Régiment royal.

Les artilleurs de la Batterie X du 5 RALC, participent au déploiement en ex-Yougoslavie en 1993, fournissant une troupe de mortier, un centre de coordination des feux d’appui et des observateurs pour le groupement tactique canadien. Ils sont suivis dans ce rôle par les artilleurs du 1 RCHA, qui, le 3 juillet 1994, tirent un obus éclairant de 81 mm au-dessus des têtes des factions s’affrontant dans un échange de feux, comme moyen de dissuasion. C’est le premier obus tiré par des artilleurs canadiens depuis la guerre de Corée. La mission des mortiers se poursuit jusqu’en 1999 avec d’autres rotations d’artilleurs du 1 RCHA, du 2 RCHA et du 5 RALC.

En 1999, le 1 RCHA déploie la Batterie C comme compagnie d’infanterie et la Batterie A comme batterie de tir, équipée de l’obusier LG1 de 105 mm tracté par des TTB Grizzly modifiés. Cette façon de procéder déterminera le modèle à suivre par les trois régiments jusqu’en 2002, lorsque le 5 RALC déploie pour la dernière fois les batteries Q et R dans ces rôles. Par la suite, on n’enverra que des CB et des équipes d’OOA en déploiement jusqu’à ce que les rotations se terminent en 2004. La réduction de l’engagement de l’artillerie en ex-Yougoslavie est nécessaire afin de répondre aux nouveaux besoins de la guerre en Afghanistan.

Les artilleurs canadiens sont aussi requis à de nombreuses occasions depuis la création du régiment pour aider les Canadiens lors de sinistres et pour aider le gouvernement à maintenir l’ordre et la sécurité (aide au pouvoir civil). Dernièrement, le 5 RALC et la Batterie W ont été déployés avec les pièces près de Montréal durant le soulèvement des Premières Nations, qui devint la crise d’Oka. Des éléments du 4 RAAA participent également à ce déploiement. Au printemps de 1997, tous les régiments d’artillerie de la Force régulière et le 26e Régiment de campagne participent aux efforts pour endiguer les inondations au Manitoba. En janvier 1998, le régiment fournit de l’aide en Ontario et au Québec à la suite des pluies verglaçantes les plus graves du siècle. En 2002, le régiment envoie de nombreux soldats en déploiement pour aider à la sécurité durant le Sommet du G8. Des artilleurs participent à la force de sécurité pour les Jeux olympiques de Vancouver de 2010.

Depuis 1962, les artilleurs prennent part à la prévention des avalanches au col Rogers, en ColombieBritannique. Selon une entente passée entre le ministère de la Défense nationale et Parcs Canada, le régiment (qui emploie normalement l’unité cantonnée à Shilo, mais aussi des artilleurs de la Réserve et d’autres unités lorsque les artilleurs de Shilo ne sont pas disponibles) fournit un détachement commandé par un officier subalterne ainsi qu’un obusier ou deux de 105 mm pour effectuer des tirs de déclenchement contrôlé d’avalanche, entre le 1er décembre et le 1er avril chaque année. Vu la situation d’isolement que cette mission représente pour les détachements, ceux-ci suivent habituellement une rotation de six semaines. Les tirs ont lieu à partir d’un certain nombre de positions permanentes, et les feux sont programmés par les représentants officiels du déclenchement préventif des avalanches en fonction d’une analyse de l’accumulation de la neige. Des obus explosifs sont tirés sur des endroits précis de déclenchement le long d’une portion de 27 milles de la route traversant le parc national du Canada des Glaciers, afin de faire glisser la neige accumulée avant qu’elle ne provoque une grande avalanche.