La Guerre des Boers 1899 -1902

Pendant la période qui s’écoule entre la rébellion et la guerre des Boers, le régiment se modernise considérablement sous la tutelle du major (plus tard major-général) C.W. Drury. Lors d’une affectation en Grande-Bretagne, Drury prête une attention particulière aux récents changements dans la discipline de tir et aux progrès techniques. Commandant le camp Deseronto, il infuse beaucoup plus de réalisme dans l’instruction et, en misant sur les compétitions, pousse la Milice à accroître son efficacité. Ses contributions lui méritent le nom de « père de l’artillerie moderne au Canada ». Le régiment lui doit beaucoup. Il l’a mené dans l’ère moderne et, en réalité, lui a donné une base pour les compétences dont il aura besoin au début de la Première Guerre mondiale. De grands progrès dans le perfectionnement de l’artillerie auront été accomplis durant cette période. C’est à cette époque que le Canada fait l’acquisition de pièces à obturation par la culasse de 12 lb, qui sont utilisées pour l’exercice au tir en 1897. Ce sont ces canons que la « Royal Canadian Field Artillery » emploiera en Afrique du Sud.

Peu après le début de la guerre entre la Grande-Bretagne et la République des Boers du Transvaal et de l’État libre d’Orange, sous la pression du public, le Canada envoie deux contingents en Afrique du Sud. De nombreux artilleurs se portent volontaires pour servir dans l’infanterie avec le premier contingent et combattent à Paardeburg. Trois batteries d’artillerie de campagne font partie du deuxième contingent. Elles sont désignées C, D et E. Elles sont concentrées à Kingston, à Ottawa et à Québec. Chaque batterie est formée de membres de la « Royal Canadian Field Artillery » (force permanente) et le reste du personnel vient des unités de la Milice de la région de chaque emplacement des concentrations. La Batterie C fait son enrôlement à Kingston, Gananoque, Winnipeg, Hamilton, St. Catharines et Toronto; la Batterie D, à Guelph, Ottawa, London et Port Hope; et la Batterie E, à Québec, Montréal, Granby, Woodstuck (N.-B.), Newcastle (N.-B.) et Sydney (N.-É.). Le lieutenant-colonel C.W. Drury commande la brigade.

À certains égards, la guerre des Boers est frustrante pour les artilleurs canadiens. La brigade canadienne comprend trois batteries, chacune comptant six canons de 12 lb, mais la nature de la guerre ne permet pas l’articulation de la brigade ou même des batteries pour les opérations. La plupart des opérations sont menées avec des sections de deux pièces en appui aux colonnes mobiles.

Toutefois, des enseignements précieux sont tirés du conflit. Les batailles favorisent l’adoption des techniques de tir indirect. On avance que c’est l’adresse au tir des Boers qui en est la cause, mais, en fait, la généralisation de l’usage du fusil par tous les combattants aurait suffi à mettre fin à l’ancienne tactique qui consiste à charger l’ennemi et à l’accrocher à découvert. L’instruction au tir indirect sera mise en pratique au Canada après la guerre.

La Batterie C fait partie de la « Rhodesian Field Force » et participe à la délivrance de Mafeking puis aux opérations dans l’Ouest du Transvaal. Les batteries D et E font d’abord partie de la « Carnarvon Field Force » et sont ensuite affectées aux lignes de communications sur les principales voies ferrées vers Kimberly. Plus tard, la Batterie E se joint à la colonne Gruiqualand et subit des pertes : un mort et huit blessés au combat à Faber’s Putt. Parmi les trois batteries, la Batterie E subit les plus grandes pertes au combat. Au total, chez les artilleurs, 13 hommes périssent et 11 sont blessés au combat.

La Batterie D se joint à l’armée principale de Lord Roberts qui mène ses opérations dans l’Est du Transvaal. C’est à Leliefontein qu’a lieu un combat historique gagné par une poignée d’hommes du « Royal Canadian Dragoons » et de la section gauche de la Batterie D (les artilleurs sous le commandement du lieutenant [plus tard major-général] E.W.B. « Dinky » Morrison de la 2e Batterie de campagne d’Ottawa). Ils repoussent une attaque de quelque 200 cavaliers boers menée à moins de 70 verges de leur position. Trois membres des Dragoons reçurent la Croix de Victoria à cette occasion. Le lieutenant Morrison se vit décerner l’Ordre du service distingué (D.S.O.). Une des pièces utilisées est maintenant exposée au Musée canadien de la guerre. Ce qui suit est un extrait du Supplementary Report, Organization, Equipment, Dispatch and Services (rapport complémentaire de l’organisation, de l’équipement, de l’expédition et des services) des contingents canadiens durant la guerre des Boers en 1899-1900, présenté par le commandant de la Batterie D, RCFA, au CC division de brigade de la RCFA, le 9 mars 1901 :

[Traduction libre] « Il s’est vite avéré que les Boers se sont considérablement renforcés depuis hier. Le colonel Lessard du Royal Regiment Canadian Dragoons et deux canons de l’artillerie royale canadienne, ces derniers commandés par le lieutenant Morrison, protégeaient l’arrière, et je salue avec grande admiration la bravoure déterminée qu’ils ont tous démontrée pour tenir l’ennemi loin du convoi et de l’infanterie. »

« Dans un télégramme félicitant le général Smith-Dorrien pour le succès de ses opérations, Lord Roberts déclare :  » Le Colonel Lessard avec l’aide de ses Canadiens avait la dure tâche de garder l’arrière de votre marche de retour et il lui revient un grand mérite ainsi qu’à ceux qui étaient avec lui. » »

« Le général Smith-Dorrien a ensuite recommandé que le lieutenant Morisson reçoive ‘une marque spéciale de la faveur de Sa Majesté pour l’adresse et le sang-froid dont il a fait preuve et 1-8/30 qui lui ont finalement permis de sauver ses pièces.’ L’Ordre du service distingué lui est décerné, comme il se devait. »

« Pendant les deux jours de combat, la section a utilisé 240 munitions. »

Dans la Force régulière, le service et les traditions des batteries C, D et E sont perpétués par les batteries du RCHA du même nom. Après la guerre, le roi Édouard présente deux bannières au régiment en reconnaissance des services distingués des artilleurs canadiens.

L’aspect le plus important de la première intervention du Régiment royal à l’étranger est la reconnaissance accrue de la part du gouvernement canadien et du gouvernement de l’Empire, qui accordent maintenant des crédits supplémentaires et reconnaissent l’excellence atteinte par le régiment.