Canadianisation 1855-1871
La Loi de la Milice de 1855, adoptée par le Parlement des provinces unies du Canada, est une étape clé de l’histoire militaire canadienne, car elle crée les premières vraies unités de l’armée canadienne. La Loi prévoit la mise sur pied d’une force de cinq mille hommes, y compris sept batteries d’artillerie de campagne et cinq batteries d’artillerie à pied (batteries organisées et entraînées comme l’infanterie, mais dont le rôle est de défendre les positions des pièces). Quatre de ces unités existent toujours aujourd’hui et elles sont les batteries les plus anciennes du Régiment royal de l’Artillerie canadienne : la 2e Batterie de campagne à Ottawa, la 7e Batterie de campagne à Montréal, la 11e Batterie de campagne (Hamilton Wentworth) à Hamilton et la 57e Batterie de campagne à Lévis. La première unité d’artillerie canadienne est formée en 1856 et porte le nom de « Battalion of Montreal Artillery ». L’unité existe encore de nos jours sous le nom de 2e Régiment d’artillerie de campagne, ARC.
Entre 1855 et l’année de la Confédération, en raison de la guerre de Crimée, de la guerre de Sécession et des menaces, réelles ou imaginées que celles-ci représentent pour le Canada, les affaires militaires continuent de susciter un grand intérêt. Immédiatement après la guerre de Sécession, les Irlando Américains qui avaient servi durant le conflit commencent à attaquer l’Amérique du Nord britannique en vue de détourner les ressources britanniques de l’Irlande et, ainsi, de servir la cause de l’indépendance irlandaise. Ces attaquants sont des membres du mouvement fenian.
Les fenians mènent plusieurs raids au Canada de 1866 à 1871. On fait donc appel à la Milice pour les services généraux, mais le rôle de l’artillerie se limite aux batailles qui ont lieu. En réalité, l’engagement le plus remarquable de l’artillerie est celui où la Batterie de campagne du canal Welland, jouant un rôle d’infanterie, défend Fort Erie contre la force des fenians revenant de sa victoire à Ridgeway en 1866. Leur résistance héroïque est vouée à l’échec dès le départ, car le nombre des artilleurs est bien inférieur, et ces derniers sont finalement forcés de se rendre. Le dernier raid des fenians dans la nouvelle province du Manitoba en octobre 1871 entraîne la formation de la plus ancienne batterie de Milice dans l’Ouest canadien, laquelle existe encore aujourd’hui sous le nom de 13e Batterie de campagne, à Portage La Prairie
Après la Confédération en 1867, le Parlement du Dominion s’empresse d’améliorer l’organisation de la défense du Canada. Un projet de loi sur la Milice adopté en 1868 autorise la formation d’une milice de 40 000 hommes. En réalité, les dispositions de la loi élargissent le système de la Milice, alors en application en Ontario et au Québec, vers les deux nouvelles provinces de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Dès 1870, on compte 10 batteries de campagne et 30 batteries de garnison.
En 1870, lors de la dernière action militaire britannique en Amérique du Nord, le colonel Garnet Wolsley dirige une force mixte composée de troupes régulières britanniques et de soldats de la Milice canadienne à travers le Nord de l’Ontario pour réprimer la remise en question de la souveraineté du gouvernement canadien par un gouvernement provincial dans la colonie de la rivière Rouge. Les membres de l’expédition n’ont pas à se battre et la province du Manitoba se joint ensuite à la Confédération en mai 1870. Les troupes britanniques repartent en Angleterre en août, mais une garnison canadienne demeure dans les deux forts le long de la rivière Rouge jusqu’en 1877. Depuis 1872, cette force comprend la demi-batterie du Manitoba composée d’artilleurs réguliers issus des batteries A et B.