Artillerie coloniale française – 1534-1763

Selon les documents historiques, c’est en 1534 qu’on a recours à l’artillerie pour la première fois au Canada, lorsque Jacques Cartier se sert des deux canons à bord de son navire pour faire peur aux membres des Premières Nations qui s’approchent en canot. Au cours de sa troisième visite en 1541, Cartier débarque trois canons de ses navires pour protéger le fort en rondins à Charlesbourg-Royal, méthode reprise par les colons au cours des deux siècles suivants.

Malgré d’importants combats entre les colons français et les peuples des Premières Nations, en particulier avec la Ligue des Iroquois, la couronne française ne fournit aucun soldat régulier avant 1665. Les pionniers doivent se charger de leur propre défense. Dès 1636, on note l’organisation de la Compagnie des Cent-Associés pour se protéger contre les Premières Nations. La compagnie obtient quelques pièces d’artillerie de navires arrivant dans la colonie.

L’arrivée de troupes régulières françaises en 1665 permet de renverser la situation de la guerre avec les Iroquois et d’empêcher que ceux-ci ne détruisent la Nouvelle-France; toutefois, la menace posée par les Anglais n’est nullement dissipée. Même avec des troupes régulières, l’artillerie demeure en grande partie la responsabilité des pionniers français, sous la gouverne de fantassins. Les canons ne sont pas efficaces dans la guerre contre les Indiens, car ils sont difficiles à déplacer vu le peu de routes et l’état de celles-ci. Les canons se trouvent plutôt dans les garnisons afin de défendre les centres de population.

Un exemple éminent d’une telle défense a lieu à Québec en 1690. Là, les colonies assignent du personnel aux batteries de tir sous la direction de Jacques Le Moyne, un officier né au Canada. Celles-ci aident beaucoup à repousser l’attaque des Anglais sur la ville, menée par Sir William Phipps. La fameuse réponse du commandant français, le comte de Frontenac, aux premières demandes des Anglais de se rendre, est : « Je n’ai point de réponse à faire à votre général que par la bouche de mes canons… »

Afin d’avoir une garnison permanente de troupes françaises, la couronne française met sur pied les « troupes de la marine » en Nouvelle-France en 1692. Le service dans ces troupes de « soldats réguliers de la colonie » attire probablement de nombreux Canadiens, car en 1743, le roi veut décourager le recrutement au Canada parce que trop d’hommes quittent l’agriculture pour s’enrôler. La première compagnie d’artilleurs français réguliers est créée au Canada en 1750 lorsque Louis XV ordonne qu’on forme une compagnie à partir des « troupes de la marine ». Une deuxième compagnie est créée en 1756. Les artilleurs sont considérés comme l’élite militaire, et ce sont les premières unités d’artillerie à se voir accorder l’honneur d’occuper les premiers rangs lors des défilés, tradition reprise par l’artillerie royale britannique quelque six ans plus tard. Les hommes nés au Canada auront déjà servi dans les forces militaires et défendu la colonie de la Nouvelle-France pendant près de deux siècles lorsque la colonie aura officiellement capitulé devant les Anglais en 1763.