Col, Le Très Honorable RGB Dickson PC, CC, KStJ, CD (1916-1998)

Robert George Brian Dickson est né à Weyburn, Saskatchewan, le 25 mai 1916, de parents irlandais. Son père est banquier et sa mère est enseignante jusqu’à ce qu’elle vienne s’installer dans les Prairies. L’aîné et le plus studieux des deux garçons, Dickson fait partie des scouts où il aime tout particulièrement les procès simulés au camp.

Après son immatriculation à Regina, il est admis en deuxième année en Lettres à l’Université du Manitoba. In 1938, il termine premier de sa classe à la faculté de droit, méritant la Médaille d’or. Il devient membre du Barreau du Manitoba en 1940.

Entre-temps, le Canada se mobilise pour la guerre et M. Dickson joint les rangs de la 38e batterie de campagne en juin 1940. En août de la même année, il se porte volontaire comme lieutenant pour le service actif et, en février 1941, il s’embarque avec le 3e Régiment antiaérien léger en direction de la Grande-Bretagne.

Sa discipline intellectuelle et son ardeur au travail ne passent pas inaperçus, et il est choisi pour suivre l’entraînement d’état-major. Il saisit l’occasion de suivre un cours au Canada au début de 1943, et il revient à Winnipeg pour se marier. L’entraînement d’état-major est une révélation pour le capitaine Dickson qui n’oubliera jamais les leçons tirées du travail d’équipe.

Il se rend en Colombie-Britannique en qualité de major de brigade avec l’Artillerie royale canadienne, mais le major Dickson demande à retourner en Europe en mai 1944 en tant que capitaine.

Affecté au 2e Groupe d’Armée du Canada, de l’Artillerie royale, le capitaine Dickson se signale en Normandie et est mentionné aux dépêches, mais sa bonne fortune ne dure pas. Près de Falaise, sa formation est attaquée par erreur par des forces aériennes alliées, et le brigadier lui demande de disperser les véhicules afin d’éviter qu’ils ne soient endommagés. Le capitaine Dickson dirige l’opération lorsqu’il est gravement blessé à la jambe droite. On le conduit à un poste de secours où il est presque laissé pour compte tant ses blessures sont graves. Il interpelle un médecin qu’il connaît et il reçoit rapidement des soins, mais sa jambe ne peut être sauvée. Il revient en Angleterre à la fin d’août, seulement quelques semaines après son arrivée en France. En novembre, il se porte assez bien pour rentrer au Canada et il obtient sa libération en avril 1945.

De retour à Winnipeg, M. Dickson se joint à un important cabinet d’avocats où son intelligence, ses aptitudes d’organisateur et son appétit pour le travail lui valent la réussite professionnelle et des postes d’administrateur dans des sociétés importantes. La demande expresse d’un associé et avec l’assurance que sa nouvelle fonction ne lui demandera que quelques rencontres chaque année, il devient directeur de la Croix-Rouge du Manitoba en 1950, l’année où les rivières Rouge et Assiniboine provoquent des inondations sans précédent. Il prend charge des travaux de secours et il assure le soutien aux secouristes. Avec un personnel réduit, il mobilise 4000 volontaires, procède à l’évacuation de milliers de personnes et veille au bien-être de ceux qui travaillent dans les digues. Il est absent de son bureau pendant six semaines et il admet volontiers qu’il dirige les volontaires comme s’il s’agissait d’une armée.

Il est actif aux niveaux communautaire et religieux ainsi que dans la pratique du droit. Dans les années 1960, il est au faîte de sa carrière mais recherche toujours les motifs qui l’ont conduit au droit. C’est ainsi qu’en 1963, lorsque le juge en chef lui demande de siéger à la Cour du Banc de la Reine du Manitoba qui manque de personnel, il accepte. Sa décision étonne les membres partisans du barreau, lui qui ne parle jamais de politique. Son approche le distingue; il écrit un grand nombre de jugements et adopte une ligne de conduite progressiste. Il qualifie de déraisonnable la section du Code criminel qui traite de vagabondage et, lorsque la police accuse un couple d’avoir exercé leurs privilèges matrimoniaux dans leur salon, il déclare que le cas est une atteinte à leur vie privée. Des cas de ce genre lui valent le surnom de « Juge rouge » et lui permettent de se faire remarquer à Ottawa.

En 1973, à l’époque où le gouvernement cherche à créer une « société juste », le Premier ministre Trudeau nomme le juge Dickson à la Cour Suprême du Canada où, grâce à ses efforts pour apprendre le français, il est souvent le juge non québécois à faire partie du jury appelé à entendre les causes touchant le Québec.

À Ottawa, le juge Dickson renoue avec le milieu militaire. En 1983, il devient lieutenant-colonel honoraire du 30e Régiment de campagne, ARC, et il en est le colonel honoraire de 1988 à 1992.

En 1984, M. Trudeau cherche un remplaçant pour le juge en chef Laskin qui prend sa retraite. Il veut, à la tête de la Cour, un juge dynamique et travailleur capable entre autres de s’occuper des questions de la Chartre canadienne des droits. Il fait fi de la tradition voulant que cette fonction soit alternativement confiée à un anglophone et à un francophone, et il choisit le juge Dickson pour ce poste. Celui-ci se fait connaître au niveau national en parlant franchement et en expliquant aux cours inférieures de quelle façon, selon lui, la Cour appliquera la Chartre. Il amène souvent ses juges à prendre des décisions unanimes.

En 1990, alors qu’il se retire à March Township, près d’Ottawa, on souligne son travail en le faisant Compagnon de l’Ordre du Canada.

On doit au juge en chef Dickson des jugements qui ont permis au Canada de modifier des lois s’appuyant sur des valeurs de l’époque victorienne pour en arriver à une constitution moderne. Sa façon de diriger la Cour au regard de l’interprétation de la Chartre a été bénéfique à l’ensemble des citoyens.

Les Canadiens pour des générations à venir profiteront de son amour pour la justice, son travail et son pays.

Le juge en chef Dickson a mis fin à sa retraite pour recommander des changements à apporter au système juridique militaire canadien en 1997. Son rapport a servi de fondement aux réformes de la Loi sur la défense nationale qui assureront la viabilité de la justice militaire au Canada pendant de nombreuses années.

Le juge en chef Dickson est décédé en 1998 à son domicile situé à l’extérieur d’Ottawa.