Bgén WW Turner, CD (1921-2016)

Le brigadier-général William Wiglesworth Turner est né à Winnipeg le 17 septembre 1921. Son père, feu le colonel M.W. Turner, OBE, CD, après avoir été grièvement blessé lors de la bataille de la Somme, au cours de la Première Guerre mondiale, a été rapatrié au Canada, où il servira encore pendant 35 ans comme officier de l’Armée canadienne.

Le brigadier-général Turner avait 17 ans lorsqu’il s’est enrôlé comme artilleur avec la 56th Heavy Battery du 5th (British Columbia) Coast Regiment, RCA de la Milice active non-permanente, à Victoria, en 1938. En 1940, il est admis au Collège militaire royal de Kingston, faisant partie de la dernière cohorte (Collège No. 2816) avant la fermeture du Collège en 1942 pour la durée de la guerre. En juillet 1943, après avoir reçu sa commission d’officier et suivi l’instruction supplémentaire en artillerie à Petawawa, il traverse l’océan comme membre du 23rd Field Regiment (Self-Propelled), RCA.

La troisième semaine de juillet 1944, le lieutenant Turner arrive en Normandie avec son régiment, qui relève de la 4th Armoured Divisional Artillery. À titre d’officier de tir, il est immédiatement envoyé au combat dans le cadre de l’effort canadien principal, dont l’objectif est la capture de Caen et la réduction de l’écart à Falaise. Après la bataille de Normandie et le dégagement des ports de la Manche, il est promu au grade de capitaine en décembre 1944 et transféré au 15e Régiment d’artillerie de campagne, ARC où il sert comme officier observateur avancé, participant au nettoyage des positions de l’armée allemande dans l’estuaire de l’Escaut et la forêt de Hochwald et ensuite au franchissement du Rhin et à l’offensive finale de la guerre en Allemagne, qui se déroule près de Wilhelmshaven. Son expérience de la guerre comprend le combat rapproché et l’occupation de postes d’observation, habituellement à quelques centaines de verges de l’objectif et souvent sous le feu constant des mitrailleuses et des obusiers ennemis. Malgré ces conditions, il dirige sans relâche, avec précision et efficacité, les tirs contre les positions ennemies.

Après la fin des combats en Europe, le capitaine Turner se porte volontaire pour se joindre aux Troupes canadiennes du Pacifique, une unité formée en vue de l’invasion du Japon. Il était de retour au Canada et se trouvait à Toronto lorsque la guerre dans le Pacifique a pris fin, avec le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki, et par la suite la reddition sans condition du Japon.

Il est demeuré dans la Force régulière après la guerre, se joignant à 1er Régiment d’artillerie de campagne, RCHA. En 1946, il est choisi pour participer au Long Gunnery Staff Course (cours d’officier d’état-major d’artillerie) à l’École d’artillerie royale de Larkhill (Angleterre). Après avoir obtenu sa qualification d’instructeur en artillerie (IA), il a enseigné durant trois ans à l’École de l’Artillerie royale canadienne, à Shilo, y inclus la tâche de former la première fournée de recrues sélectionnées pour le service en Corée avec le tout nouveau 2e Régiment de campagne, RCHA. Ensuite, il est choisi pour servir comme premier IA canadien à Larkhill, de 1951 à 1953, dans le cadre d’un programme d’échange. Il étudie au Collège d’état-major de l’Armée canadienne, en 1954-1955, puis il est affecté au Quartier général de la région militaire de l’Ouest, à Edmonton. Il commande ensuite la 4e Batterie d’artillerie antiaérienne légère, ARC, à Victoria (C.‑B.).

En 1957, il est nommé chef des opérations de l’Organisme des NU chargé de la surveillance de la trêve en Palestine, où il est d’abord affecté à Gaza, puis à Jérusalem. Alors qu’il travaille avec la Commission mixte d’armistice de Jordanie et d’Israël, lui et le lieutenant-colonel George Flint, du PPCLI, ont été la cible de tir alors qu’ils se trouvaient sur le mont Scopus. Tentant d’évacuer des policiers israéliens blessés à l’occasion d’un cessez-le-feu, le lieutenant-colonel Flint a été abattu alors qu’il agitait un drapeau blanc. Le major Turner est resté immobilisé pendant plusieurs heures et c’est sous le couvert de la nuit qu’il a été en mesure de se frayer un chemin pour aller récupérer le corps du lieutenant-colonel Flint.

De 1959 à 1961, il occupe le poste de major de brigade avec le 4e Groupe-brigade d’infanterie canadienne (4 GBIC), qui faisait alors partie de l’Armée britannique du Rhin (BAOR) et est posté le long de la frontière interallemande. La guerre froide était alors à son apogée et le 4 GBIC était une formation exceptionnellement forte, considérée par plusieurs comme équivalente à une division légère. Promu au grade de lieutenant-colonel en 1961, il prend le commandement du 3e Régiment, RCHA, à Hemer, en Allemagne. Il transforme rapidement un régiment au rendement médiocre en l’un des meilleurs, remportant toutes les compétitions d’artillerie de division BAOR. Il demeure au poste de commandant pendant quatre ans, ayant même l’occasion de diriger son Régiment alors qu’il aménage dans ses nouvelles installations, à Winnipeg, en 1964.

En 1967, il est promu au grade de colonel et on lui confie le poste de commandant du Contingent canadien et celui de sous-chef d’état-major de la Force des Nations Unies à Chypre. Après une courte affectation de directeur des opérations au QGDN, il est choisi, en 1969, pour participer à un cours de l’Imperial Defence College, à Londres. Il revient au Canada, à Kingston, pour se joindre au personnel d’instruction du Collège de la Défense nationale.

En 1973, il est promu au grade de brigadier-général et nommé commandant du Collège militaire royal, à Kingston. Là, suivant les ordres explicites de celui qui est alors le chef d’état-major de la Défense, le général Jacques Dextraze, il travaille sans relâche pour remettre l’aspect « militaire » au goût du jour au CMR. Il y est parvenu grâce à sa détermination inébranlable de former des officiers de première classe pour les Forces canadiennes. Son mandat de commandant a été prolongé, malgré le fait que l’âge de la retraite obligatoire était arrivé, ce qui lui a permis d’être présent à son poste lors de l’année de célébration du centenaire du Collège, en 1976.

Le brigadier-général Turner a mis fin à son illustre carrière dans la Force régulière au Collège militaire royal en 1977, où tout avait commencé pour lui 37 ans plus tôt.

En 1979, il est nommé colonel commandant du Régiment royal de l’Artillerie canadienne. Son premier mandant a été prolongé de trois ans et, durant cette période, le général Turner a rendu visite à chaque détachement d’artillerie au Canada et à l’étranger au moins une fois et il s’est fait un devoir de parler avec autant de jeunes artilleurs qu’il était en mesure de le faire. Il a travaillé avec diligence sur des enjeux d’importance pour le Régiment royal et il en a été l’un de ces plus respectés défenseurs. Il a mis en place le cours d’officier subalterne de l’ARC à l’intention de tous les officiers qui viennent de recevoir leur commission. Ce cours a pour but de leur faire connaître la riche histoire et le patrimoine du Régiment et de leur inculquer son éthos et ses valeurs consacrés.

La carrière en uniforme du brigadier-général Turner s’étend sur 48 ans. Ses qualités de leader et de mentor durant la guerre, au service de l’OTAN et de l’ONU, au pays comme à l’étranger, à des postes exigeants, de major de brigade à commandant, de commandant du Collège militaire royal à son dernier poste de colonel commandant du Régiment royal de l’Artillerie canadienne, sont une source d’inspiration pour les autres. Sa manière d’incarner les vertus attendues du soldat, c’est-à-dire le courage, l’honneur, la distinction et le dévouement envers son pays et son régiment, ont eu une influence remarquable et durable sur plusieurs générations d’officiers et de soldats canadiens et du reste du monde.

Le général Turner est l’auteur d’un livre intitulé « Memories of World War II – 1939 to 1945 » (Souvenirs de la Deuxième Guerre mondiale, 1939 à 1945), un compte rendu de ses expériences durant la guerre, écrit à l’intention de sa famille.

Pour son service, il a reçu les distinctions suivantes : l’Étoile de 1939-1945, l’Étoile France-Allemagne, la Médaille de la Défense, la Médaille canadienne du volontaire (avec agrafe), la Médaille de la guerre de 1939-1945, la Médaille du service spécial, la Médaille canadienne du maintien de la paix, la Médaille de l’Organisme de l’ONU chargé de la surveillance de la trêve en Palestine, la Médaille des Forces de l’ONU à Chypre, la Médaille du centenaire du Canada, la Médaille du jubilé d’argent de la reine Elizabeth II, la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, la Décoration des Forces canadiennes (avec trois agrafes). Le gouvernement de la France lui a également rendu hommage en le nommant Chevalier de la Légion d’honneur.

Après son départ à la retraite de l’Armée, le brigadier-général Turner a travaillé dans le secteur privé comme vice-président de l’Urban Transit Development Corporation et, par la suite, comme gestionnaire du développement dans l’entreprise Homestead Land Holdings, à Kingston (Ontario).

Il était membre à vie du Club des Collèges militaires royaux du Canada, ancien président de la branche de Kingston de ce club et a agi à titre de secrétaire de sa classe pendant de nombreuses années. Il faisait partie de l’Association de l’Artillerie royale du Canada, de l’Association de la brigade de la RCHA et de la filiale 560 de la Légion royale canadienne. Il était président honoraire de la filiale 9 de la Légion royale canadienne et a été président de Royal Kingston United Services Institute.

Après une vie enrichissante et pleine de vie, le brigadier-général W.W. Turner est décédé à Kingston en décembre 2016, à l’âge de 95 ans.